Tout en haut, il y a les glaciers puis un barrage, celui de Linthal, le plus grand d’Europe. Au coeur de la vallée et des alpages suisses coule une rivière, intrépide, un courant qui dégage une force incroyable.
Et un bruit aussi, qui masque tous ceux qui bordent la rivière sauf celui de la mine, une mine des temps modernes et même presque de science-fiction, au premier étage d’une ancienne usine de textile, dont les grandes fenêtres donnent sur la rivière déchaînée.
Il fait une chaleur à crever dans la mine, et pourtant il fait à peine 20 degrés dehors dans le petit village suisse un brin ringard et un peu figé dans les années 80.
Un vrai contraste avec la mine et ce qu’elle produit : de l’argent sous la forme d’une crypto monnaie appelée Ether, invention magique de l’enfant prodige de la technologie Blockchain, Vitalik Buterin.
Dans l’ancienne fabrique à textiles, les mineurs ne sont pas des hommes usés par le travail de la mine mais des machines, une multitude de cartes mères reliées à des ordinateurs, posées sur des étagères et reliées entre elles par des cables de toutes les couleurs, de toutes les grosseurs. Le bruit est assourdissant, la chaleur presqu’insoutenable.
Dans cette jungle de cables, de cartes mères et d’ordinateurs, pleine d’embûches et d’obstacles règnent les seigneurs du lieu, les Danois Niklas Nikolajsen et Nicolai Oster, respectivement directeur et responsable des opérations de Bitcoin Suisse.
C’est leur mine, Alpereum, et c’est presque la seule du genre en Europe (son unique cousine européenne est en Islande).
Ils connaissent par coeur toutes les allées, les obstacles des cables qui courent dans tous les sens.
Munis d’une paire de ciseaux ou d’une pince, ils bricolent d’une carte mère à une autre, un peu comme des jardiniers consciencieux feraient du repiquage.
Mais pourquoi là ? Au fin fonds de cette vallée oubliée dans le temps ? Pour l’énergie créée par le barrage, l’énergie qui fait tourner, chauffer les machines, l’énergie qui, infiltrée dans un dédale d’algorythmes, produit du bruit, de la chaleur et miracle : de l’argent. La fabrique du fric est fonction du temps et de l’électricité, une équation magique se résoud devant nos yeux incrédules.
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